samedi 23 juillet 2011

Le Washington Post se lève. Et la révolution ?

From 05 November 2010 StemCells&AtomBombs: The Washington Post on standing. And revolution?



Mark Ramirez, cadre supérieur à AOL, le fait. "Cela paraît plus naturel. Je ne reviendrais pas à simplement m'asseoir."

Kate Kirkpatrick, cadre à Gensler, le fait. "Je ne comprends plus ce sentiment d'avoir besoin de faire une sieste au beau milieu de la journée. Mon corps se sent en meilleure santé. Plus alerte. On ne ressent plus les tensions dans le cou que l'on a après être resté assis toute la journée. Je suis plus à l'aise maintenant."

Les comptables le font. Les programmeurs, les fonctionnaires, les spécialistes du télémarketing le font. Même l'ancien secrétaire de la défense, Donald Rumsfield, le fait.

Font quoi, vous demandez-vous ?
Être debout. Et ils adorent ça.

Juste au moment où je pensais que j'étais en train de lire un article sur des personnes prisonnières de leur chaise roulante mais qui peuvent désormais se lever, j'ai réalisé que l'article portait sur le fait de rester debout au travail. C'était un article qui parlait d'un nouveau bureau élevé et de l'entreprise qui le fabrique : GeekDesk. Et oui, vous aussi pouvez travailler debout grâce à un nouveau bureau, d'une valeur de 800 $ (570 €), élevé à l'aide de moteurs électriques.

Enfin vous pouvez, si vous pouvez vous mettre debout.

Alors que j'étais sur le point de passer à l'article suivant, j'ai décidé de continuer à lire, et je suis heureux de l'avoir fait. J'ai trouvé des raisons très intéressantes pour lesquelles il est si important de sortir de mon fauteuil. Je pourrais même avoir trouvé des idées sur comment atteindre ce but.

James Levine, endocrinologue à la célèbre clinique Mayo et auteur de "Votre chaise : confortable mais mortelle", apporte d'autres arguments étayant sa thèse selon laquelle "nous sommes faits pour nous tenir debout".


  • Quand nous nous asseyons, d'importantes fonctions biologiques se mettent au repos.
  • Une enzyme qui élimine toutes les dangereuses graisses de la circulation sanguine ne fonctionne parfaitement que quand le corps est en position verticale.
  • Rester debout permet de diminuer les risques de maladies cardiaques, de brûler des calories, d'améliorer la façon dont l'insuline baisse le niveau de glucose et de produire du bon cholestérol.
Ainsi j'ai bien compris pourquoi rester assis toute la journée est hasardeux et dangereux, comme le dit le chercheur renommé sur l'inactivité Marc Hamilton. Hamilton va même jusqu'à qualifier ce problème de rester assis de "nouvelle cigarette". 

J'ai dit avec humour que si je me levais de nouveau (non, pas si, quand je me lèverai de nouveau), j'irai jusqu'à jeter toutes les chaises de ma maison. Mais comment sortir de ma chaise ? C'est ça l'important.

Ce n'est qu'en arrivant à la dernière phrase du dernier paragraphe que James Levine, tel un nouveau Lénine, donne la solution pour nous permettre à tous de sortir de nos chaises. 

"Les assis du monde unissez-vous. Il est temps de se lever maintenant."

Toutes les citations sont issues de l'édition du 17 octobre 2010 de l'article du Washington Post, "Those with a desk job, please stand up".

samedi 16 juillet 2011

CellulesSouches&BombesAtomiques en italien

From 23 October 2010 StemCells&Atombombs:  Italian StemCells&AtomBombs


"O Eterno, ascolta la mia preghiera, e porgi l’orecchio al mio grido; non esser sordo alle mie lacrime; poiché io sono uno straniero presso a te,  - un pellegrino, come tutti i miei padri." (Salmo XXXIX)

"Entends mes prières, Ô Seigneur, et tends l’oreille à mon cri ; ne tiens pas ta paix à mes larmes : car je suis un étranger avec toi et un séjourneur ; comme l’étaient tous mes pères." (Psaume XXXIX)

Et avec ce vers tiré des psaumes, je lance la version italienne de Cellules souches et bombes atomiques : www.CelluleStaminalieBombeAtomiche.blogspot.com.

Cette version italienne tient une place particulière dans mon cœur car, même si je vis maintenant à Osaka, au Japon, et suis né à Woodstock, dans l’Ontario, mon père et ma mère sont tous les deux italiens. En fait, l’italien est ma langue maternelle puisque je n’ai vraiment appris à parler correctement anglais qu’à l’école. L’italien est la langue de la maison de mon enfance, la langue que je parle avec ma mère et parlais avec mon père, décédé il y a quinze ans, ainsi qu’avec ma grand-mère, mes tantes, mes oncles et les amis de mes parents.

Mais comme beaucoup d’enfants d’immigrés, notre maîtrise de notre langue maternelle est limitée à cause d’un manque d’éducation dans la langue de nos parents. Petit à petit, au fur et à mesure que l’anglais prenait le dessus dans nos esprits, nous sommes devenus un peu étrangers à nos parents. Notre italien n’était pas assez bon pour dire exactement ce que nous voulions que nos parents entendent et l’anglais de nos parents n’était jamais assez bon pour comprendre exactement ce que nous voulions dire... parce que je suis un étranger avec toi.

J’espère que grâce à l’équipe de traducteurs bénévoles très engagés (Anna Recchia, Nicoletta Natoli et Daniela Bollini), ma mère pourra lire mes pensées d’adulte et me comprendre un peu mieux et qu’elle sera fière du fils qu’elle a élevé.

J’ai de la famille partout dans le monde. D’Italie en Suisse : les frères de mon père et mon propre père pendant une très courte période de temps avant ses vingt ans. D’Italie en Argentine : le frère de mon père y est mort après un court séjour. D’Italie en Amérique deux fois puis de retour en Italie : mon arrière-grand-père du côté de ma mère. D’Italie en France et d’Italie à Boston, aux États-Unis : les frères de la mère de ma mère. Et d’Italie au Canada en ce qui concerne mon père à dix-neuf ans et ma mère quand elle avait vingt ans, plus les nombreux cousins de mon père qui étaient déjà là-bas, et, du côté de ma mère, tous à l’exception de deux sœurs et ma grand-mère. J’ai probablement des cousins à des endroits que je ne connais pas.

Et puis moi, au Japon où j’ai deux fils qui sont moitié italiens et canadiens et moitié japonais. Ma femme ironise souvent sur l’endroit où mes fils vivront un jour mais je suis catégorique que l’histoire de la migration Tesolat finira avec moi. Je ne souhaite pas que mes enfants soient des séjourneurs ; comme l’étaient tous mes pères.

Ma plus grande peur, si je continue de vivre au Japon, est que mes propres enfants deviennent ce que je suis probablement devenu pour mes parents : un fils incapable de comprendre entièrement la vie et la langue de mes propres parents. J’ai peur que mes enfants deviennent aussi des étrangers pour moi. C’est la solitude que tous les parents et grands-parents de nos immigrants ont dû ressentir, et cela pourrait bien être mon tour à présent.

Depuis mon arrivée au Japon, un pays qui compte très peu d’immigrants européens, j’ai ressenti un lien particulier avec mes parents et mes proches qui ont été des séjourneurs avant moi. Je me souviens de longues conversations au téléphone avec ma tante préférée et comment elle me parlait différemment après avoir déménagé du Canada. Elle me parlait d’une façon plus intime comme si, étant un immigrant également, je pouvais comprendre son cœur beaucoup mieux. Bien sûr, je n’ai jamais connu les difficultés économiques qu’elle a connues et je n’ai jamais dû quitter le pays de ma naissance à cause des conditions économiques (même si j’ai aussi quitté le Canada à cause d’une récession qui faisait qu’il était difficile de trouver du travail) mais elle ne me parlait pas beaucoup de ces choses. Elle me parlait de la solitude d’être un étranger dans une terre étrangère, de ne pas être avec sa propre mère et ça, je pouvais le comprendre parfaitement... Entends mes prières, Ô Seigneur, et tends l’oreille à mon cri.

Semblable à la solitude de l’immigrant, il existe celle de la maladie ou de la paralysie dans mon cas.

Je pense à ma propre situation. Soudainement paralysé à 39 ans avec deux petits garçons à élever dans un pays qui n’est pas le mien. La solitude me visite aussi de temps en temps.

La solitude n’est pas universelle. La vie ne s’arrête pas pour les infirmes ou les immigrants. La famille et les amis sont mariés, les enfants naissent et sont baptisés, puis grandissent, vont à l’école, trouvent du travail, tombent amoureux et finalement se marient et font de nous des grands-parents. Il y a trop de bonnes personnes et de bonnes choses qui nous entourent pour se sentir seuls tout le temps.

Mais comme un vieil ami que l’on oublie parfois, la solitude vient rendre une petite visite.

En ce qui me concerne, elle me rend visite chaque jour quand j’ouvre les yeux le matin. Elle ne reste pas longtemps mais juste assez pour me faire savoir qu’elle est encore là. Je suis sûre qu’elle me rendra moins visite à l’avenir.

Pour les immigrants, la solitude se montre en particulier quand il y a un décès ou un malade dans le pays d’origine. Quand encore une autre racine qui les lie à leur passé est arrachée. Je me souviens de ces temps passés dans ma maison étant enfant et je me souviens de la mort de mon propre père alors que j’étais au Japon. Je peux imaginer ce qu’a ressenti ma famille quand je les ai appelés pour leur dire que j’étais paralysé.

La solitude me rend aussi visite pendant d’heureux évènements quand, malgré tous les visages aimants autour de lui, l’immigrant pense à tous ceux qui ne sont pas là : une mère, un frère, un fils. Je peux imaginer ce qu’ont ressenti mes propres parents lorsque se sont produits d’heureux évènements au Canada, parce que je sais que la solitude leur a rendu visite, comme elle l’a fait pour moi, pour la naissance de mes deux fils, loin de leur propre grand-mère au Canada.

Et elle me rend aussi visite quand je vois des pères jouant avec leurs enfants, faisant du vélo, courant dans le parc... Toutes ces choses que je ne peux pas faire avec mes propres enfants maintenant. Quand je vois ces choses, je peux sentir la main de ma vieille amie posée sur mon épaule.

Les proches des immigrants et des malades ne peuvent jamais complètement effacer ce sentiment de solitude mais peuvent y contribuer, en particulier quand la société en général fait qu’ils se sentent indésirables et n’essaie pas de répondre à leurs besoins. Et c’est la dernière chose que je voulais dire aujourd’hui. Je m’adresse directement à l’Italie, endroit que je ne connais que par les histoires de mes parents.

Je lisais dans le journal aujourd’hui un article à propos de l’attitude des italiens envers les gitans en Italie. Soixante-huit pour cent des italiens pensent qu’ils sont des criminels et on assiste à d’autres nouvelles horribles de violence de la mafia contre les gitans. Je demande aux italiens de se souvenir des émigrants qui ont quitté l’Italie pour chercher une vie meilleure parce que l’Italie ne pouvait s’occuper d’eux. En fait, ces émigrants quittant l’Italie ont aidé l’Italie à se remettre après la guerre.

Et je vous demande aussi à vous, en Italie, de regarder certains mots et chiffres importants du Canada.

"...parmi les grévistes en majorité des étrangers, surtout des italiens, qui se sont préparés pour rencontrer une opposition à leurs demandes au bout du couteau, l’arme nationale du "dago"..." (Daily News 1906).

"Une mafia d’enfants arrivent en criant depuis quelque rue étroite. Ce sont des petits misérables sales, décoiffés et débraillés. Vous vous demandez pourquoi ils ne sont pas à l’école." (Margaret Bell écrivait au sujet des conditions sociales des italiens à Toronto, 1912).

Et juste pour ne pas que vous pensiez que j’écris sur l’histoire : en 1977, un sondage Gallup étudiant l’attitude des canadiens envers les italiens pour la première fois rapportait que 40 % des canadiens associaient les italiens au crime.

Une société qui tourne le dos aux étrangers vivant en son sein aura vite fait de tourner le dos aux membres les plus faibles et de les traiter comme un fardeau. D’abord, les immigrants, puis les personnes âgées et puis les infirmes... Cela ne fera qu’intensifier leur solitude.

D’un autre côté, une société qui fait un pas vers les gens qui sont seuls accomplira de grandes choses.

Pas d’un point de vue scientifique mais du point de vue du sentiment de fraternité entre les Hommes ; c’est mon objectif en ce qui concerne les cellules souches.

D'Atomgrad à Cellulegrad : bienvenue à СтволовыеКлетк&AтомныеБомбы

From 12 December 2010 StemCells&AtomBombs: From Atomgrad to Stemgrads - Welcome to СтволовыеКлетк&AтомныеБомбы


La version russe se trouve à l'adresse suivante : www.stvolovyekletkiiatomnyebomby.blogspot.com

En cours d'histoire au lycée, avec M.Martin...

Il avait l'habitude de dire : "Personne ne souhaiterait vivre en Union Soviétique" (en prononçant "Union Sowviétique" avec un fort accent américain), "sauf peut-être Tesolat."

On étudiait la crise des missiles de Cuba, ou du moins sa version de la crise des missiles de Cuba... Il nous enseignait combien cela était scandaleux que les Soviétiques aient tenté de placer des missiles nucléaires à Cuba, quand j'ai posé une question.

"Dans ce cas, les Etats-Unis et l'OTAN n'ont-ils pas tout autant tort d'avoir des armes nucléaires en Europe de l'Ouest, pointées vers l'Union Soviétique ?" A partir de ce jour, à chaque fois qu'on étudiait quelque chose ayant un vague rapport avec les pays communistes, j'avais droit au refrain.

"Personne ne souhaiterait vivre en Union Soviétique, sauf peut-être Tesolat."

"Personne ne souhaiterait vivre en Chine, chez les rouges, sauf peut-être Tesolat."
"Personne ne souhaiterait vivre à Cuba, chez Castro, sauf peut-être Tesolat." et encore... et encore...

Si jamais M.Martin lit ceci, je tiens à lui faire savoir que j'appréciais ses cours, car même s'il avait, comme la plupart des historiens, sa propre version de l'histoire, il ne nous empêchait pas d'avancer nos opinions.

Je dois admettre que j'étais très impressionné par l'URSS quand j'étais au lycée. Plus tard, j'ai appris et étudié des choses qui m'ont fait changer d'avis, mais c'était par la suite.

Voilà un pays, dont on nous disait qu'il était malfaisant, corrompu et en retard par rapport à l'occident, mais qui avait devancé les Américains dans la course à l'espace. Plus important car en rapport avec ce blog, l'URSS a été le deuxième pays du globe à posséder la bombe atomique. Ils y sont parvenus après quatre ans de guerre durant lesquels ils ont perdu plus de 20 millions de personnes. Un Russe sur quatre tué ou blessé. Leur pays avait été dévasté par la seconde guerre mondiale, et ils ont construit une bombe atomique en sept ans.

Ils avaient compris qu'une telle technologie ne pouvait pas être acquise sans organisation, avec des chercheurs travaillant sans coordination dans des universités aux quatre coins du pays. Les Russes sont allés jusqu'à construire des villes de type "Atomgrad", dix villes où les recherches et le développement sur les armes atomiques avaient lieu. Là encore, nous pouvons voir que seul le poids de l'Etat est à même de produire une telle technologie, et en un temps aussi réduit.

Malgré tout ce que j'ai appris plus tard, la course à l'espace menée par les Soviétiques et la création de leur bombe atomique, aussi peu de temps après la guerre, restent des exploits remarquables.

Avec le lancement de ce blog en russe aujourd'hui, j'espère que la nouvelle Russie deviendra également l'un des leaders mondiaux dans la recherche sur les cellules souches. M.Poutine a déjà montré sa capacité à réunir les dirigeants mondiaux, lorsqu'il a organisé une conférence entre treize nations sur la sauvegarde des tigres. J'aime les tigres, mais j'espère que les dirigeants russes feront le même effort pour toutes les victimes des nombreuses maladies que les cellules souches pourraient guérir. Ce serait fantastique de voir dix "Cellulegrad" construites en Russie.

samedi 2 juillet 2011

Du parachutisme ? Pourquoi j'irais faire du parachutisme ?

From 20 November 2010 StemCells&AtomBombs: Skydiving? Why in the hell would I go skydiving?



Le premier jour après la guérison.

Il est 7h du matin, et déjà les enfants galopent autour de moi, au rez-de-chaussée. Ils chantent des chansons japonaises que je connais vaguement, puis commencent à me demander de jouer avec eux. J'accepte donc.

Je saute de mon futon, quoiqu'on ne saute pas vraiment d'un futon posé sur le sol (sur des tatamis, soyons précis), disons donc que je roule sur le côté et que je me lève. Je chasse les enfants en leur disant de me laisser un quart d'heure. Je vais à la porte d'entrée, ramasse le journal, je prends mes cigarettes et je me rends aux toilettes pour lire mon journal et fumer quelques minutes en paix.

Ces quelques minutes passées, il est temps de préparer le petit déjeuner au premier étage. Je demande aux enfants comment ils veulent leurs œufs. "Durs", répond l'un, "sur le plat" répond l'autre. Je leur dis de choisir UNE solution, merci, et ils se lancent dans une rapide partie de janken (pierre-feuille-ciseaux) que Luca, l'aîné, remporte. Œufs sur le plat, donc.

Œufs, saucisses (pas des vraies saucisses à l'italienne, des espèces de toutes petites saucisses de Francfort fabriquées au Japon), toasts (pas à l'huile d'olive et à l'ail, avec du fromage fondu), lait, et café pour moi. Il est temps de manger, mais pour Luca et Lio, c'est surtout le moment de se chamailler à propos de chaque œuf, de chaque saucisse et de chaque toast. Je crie un bon coup et ils se calment. Finalement, on mange.

Bataille suivante. Nous sommes mardi matin, pendant les vacances de O-bon (la période où les âmes des morts reviennent chez elles, au Japon, nous avons une semaine de vacances pour les accueillir), et je ne veux pas perdre la journée. "Allez vous brosser les dents, puis vous habiller." Cette fois encore, je gagne, et ils filent au deuxième étage se préparer. De mon côté, j'ai cinq minutes de calme, que je mets à profit en me précipitant sur le balcon avec le reste de mon café, le journal et mes cigarettes.

"On est prêts !" Ils dévalent les escaliers, et se préparent à aller jouer dans la rue. Je me demande s'ils me laisseront en paix, mais je vois que la rue est déserte ; en l'absence d'autres enfants, ils viendront bientôt me chercher, et c'est avec plaisir que je les rejoindrai.

Nous sommes donc tous les trois dans la rue, sous le soleil d'août, à jouer à "Obama". Un jeu des plus intéressants. Avant, on l'appelait Osama (rien à voir avec Ben Laden). Osama veut dire roi en japonais, et dans le jeu on franchit des niveaux jusqu'à devenir roi. On a changé le nom en "Obama" après les dernières élections américaines.

Nous jouons pendant environ une heure, jusqu'à être trempés de sueur, dans l'atmosphère humide typique d'Osaka ; nous nous mettons d'accord pour retourner à l'intérieur de la maison (et profiter de la climatisation). J'espère en rester là, mais mon épouse, qui n'a pas encore mis le pied dehors dans la canicule, annonce que nous allons à Konan, un magasin de bricolage et de maison près de chez nous.

Même si la chaleur est étouffante, je suis content d'y aller. J'a l'intention d'acheter du bois, pour fabriquer des étagères dans la cuisine, quelques plantes, un nouveau pot pour mon olivier, ainsi que d'autres fournitures que l'on trouve dans ce type d'endroit. Konan est un excellent magasin, mais avant d'y arriver nous suffoquons sur nos vélos !

Enfin nous y sommes, nous achetons tout ce dont nous avons besoin (ou non), puis nous nous rendons sur le parking, où ils vendent des glaces. J'aimerais boire une bière, mais il n'en ont pas, et même s'ils en avaient ma femme ne me laisserait jamais boire un demi à trois heures de l'après-midi.

Nous arrivons à la maison après la longue traversée à vélo du pont Hyakuenbashi (le pont des cent yens), et à l'instant précis où je m'apprête à me détendre et à ouvrir une bière quoi qu'on me dise, nous décidons de sortir encore une fois. Cette fois, c'est pour aller déguster des okonomiyaki, ça ressemble à, à... Je ne sais pas à quoi ça ressemble. J'ai mangé de l'okonomiyaki le premier jour où je suis arrivé au Japon, et on m'a dit qu'il s'agissait d'une pizza japonaise. En fait, ça n'a rien à voir avec une pizza, c'est plutôt une grosse crêpe pleine de chou coupé et de tranches de porc. Bref. C'est délicieux, et nous savourons.

Je me rends compte que j'ai oublié de mentionner quelque chose. Avant d'aller manger notre okonomiyaki, mes enfants décident que ça serait génial d'aller au sento (bain public) après manger. Nous devons donc aller chercher des vêtements et des serviettes. Je ne sais pas si certains d'entre vous sont familiers avec les bains publics, ici au Japon je m'y rends souvent.

Pour faire simple, c'est un endroit avec de grands bains, et des douches le long des murs. Des très grandes baignoires d'eau chaude, fumante, certaines à l'intérieur et d'autres à l'extérieur, avec des saunas et des sièges massants. J'adore ces endroits, et si vous pouvez vous habituer à vous retrouver tout nu avec un groupe d'autres types, vous adorerez aussi.

Ainsi, après notre okonomiyaki, Luca, Lio et moi-même nous retrouvons dans un bon bain bien chaud, de l'eau jusqu'au cou, en extérieur. C'est le pied, mais j'avais oublié la véritable raison de leur insistance. Le bain public où nous allons, appelé Shintokuyu, dispose d'un espace de détente... avec des glaces. Je préfèrerais rester à l'aise dans l'eau bouillante, mais je sors du bain pour faire plaisir à mes enfants et leur payer une glace. Ceci dit, je suis verni car ils vendent des glaces ET des bières.

Je suis épuisé, mais alors que nous rentrons à vélo (environ 2 minutes de trajet), je me rends compte que j'oublie l'élément le plus important pour finir cette excellente journée : ENCORE de la bière. Nous faisons un crochet par un magasin pour en acheter quelques-unes, puis nous prenons le chemin de la maison.

Nous jouons à l'étage, dans la chambre des enfants. Je leur raconte une histoire, puis nous faisons la prière. "Notre Père", "Je te salue Marie", ainsi qu'une cohorte d'autres prières en anglais, italien, japonais et même en latin. Mais j'aurais aussi bien pu en dire quelques-unes en Swahili, les deux petits sont déjà endormis.

Je redescends au rez-de-chaussée car il fait trop chaud pour moi au deuxième étage, je déroule le futon, décapsule une bière et je lis jusqu'à m'endormir. J'ai promis aux enfants que demain, on irait à ZA BOOM, une grande piscine dans un parc d'attractions à environ une demi-heure de chez nous.

Tout ça vous paraît ennuyeux ? Pas pour moi.

En fait, c'est ce que j'ai fait le jour où j'ai été paralysé. Ce jour-là, je suis arrivé jusqu'à l'étape de déroulage du futon, puis la douleur est arrivée et j'ai été transporté à l'hôpital, laissant mes enfants pleins d'inquiétude pour leur père ET pour la sortie du lendemain à ZA BOOM.

Mon souhait, pour le premier jour où je retrouve ma liberté, est de revivre cette dernière journée, sans la douleur qui a tout commencé (et j'espère, sans les cigarettes). Puis, je veux finir mes vacances de O-bon, retourner à l'enseignement et à mon travail syndical. Debout.

C'est tout.

Je me souviens de ma première session de rééducation après mon opération. Le physiothérapeute, un homme très gentil, m'a parlé de gens en chaise roulante qui faisaient de l'alpinisme, de la plongée, du parachutisme, ou voyageaient à travers le monde.

Je me suis dit : "Ce type est complètement fou." Il me parlait de ma nouvelle vie passionnante en chaise roulante. Pourquoi est-ce que j'irais faire de la plongée ou du parachutisme dans ma chaise ? Je n'ai jamais pratiqué ces activités avant d'être paralysé, alors dites-moi pourquoi je voudrais faire ça maintenant ? Je préfèrerais mille fois avoir une discussion sur les nouveaux traitements en développement pour les lésions de la colonne vertébrale. Mais je n'ai eu que la discussion sur "la vie dans la chaise."
Peut-être qu'il s'agit de confiance en soi, ou de se sentir en vie... De se prouver que vous pouvez faire toutes ces choses même si vous êtes coincé dans la chaise. Mais je n'ai pas besoin de tout ça pour savoir que je suis vivant. La douleur, les douleurs, me le rappellent très bien. Je ne critique pas ceux qui pratiquent toutes ces activités. Peut-être qu'ils aiment ça. Peut-être qu'ils les pratiquaient avant. Peut-être qu'ils ont commencé après être devenus paralysés.

Quand on me dira qu'il n'y a aucun espoir, jamais... Quand toutes les recherches indiqueront que la guérison des lésions de la colonne est impossible... Ce jour-là, je me déciderai peut-être à m'intéresser à la plongée sous-marine.


Moisir en détention provisoire / les tests de Geron

From 28 October 2010 StemCells&AtomBombs: Rotting on Remand and the Geron trials



("Moisir en détention provisoire")

I stood before the judge that day
J'étais devant le juge, ce jour-là
As he refused me bail
Quand il me refusa la liberté provisoire
I knew that I would spend my time
J'ai su alors que je passerai mon temps
Awaiting trial in jail
En prison, à attendre le procès
I cried there is no justice
J'ai crié “il n'y a pas de justice”
As they led me out the door
Alors qu'ils m'entraînaient hors de la salle
And the judge said,
Et le juge dit
"This isn't a court of justice son, this is a court of law."
"Dans une cour de justice, mon gars, ce qui compte c'est la loi, un point c'est tout"
...I was picked up on suspicion of something I hadn't done
J'ai été arrêté, suspecté d'un crime que je n'avais pas commis
Here I sit in F Wing waiting for my trial to come
Et me voilà à croupir dans le bâtiment F, à attendre le jour de mon procès
It's a cruel unusual punishment that society demands
C'est une punition bien étrange et cruelle qu'exige la société
Innocent till proven guilty, rotting on remand
Innocent jusqu'à preuve d'être coupable, à moisir en détention provisoire
1er patient traité lors des tests de cellules souches 

"When we started working with human embryonic stem cells in 1999, many predicted that it would be a number of decades before a cell therapy would be approved for human clinical trials," Dr. Thomas B. Okarma, president and chief executive officer of the California-based company, said in a statement.
"Lorsque nous avons commencé à travailler avec des cellules souches humaines en 1999, nombreux sont ceux qui ont prédit qu'il faudrait encore plusieurs décennies avant qu'une thérapie en arrive au stade des essais cliniques sur les humains", a déclaré le docteur Thomas B. Okarma, président de la société californienne.

While a milestone in the technology, the drug candidate is still a long way from being proven and reaching the market. It still faces many years of testing for effectiveness if all goes well in the early stage study.
Le médicament candidat, bien que marquant une étape décisive au niveau technologique, est encore loin d'être testé et mis sur le marché. Il devra encore passer par de nombreuses années de tests d'efficacité, si tout se passe correctement lors des premières études.

Je comprends parfaitement ce que ressent le protagoniste de cette chanson. Tous ceux qui se sont retrouvés face à un médecin, et se sont entendus dire qu'ils avaient une maladie chronique, comprennent très bien ces paroles.

Dans mon cas, le médecin m'a expliqué très clairement, le jour suivant mon opération, que j'étais paralysé, mais que tenant compte des recherches en cours sur les cellules souches, il existait une chance significative que quelque chose puisse être fait dans un futur proche. Il refusa de me condamner. J'allais moisir en détention provisoire.

Certains prisonniers baissent les bras. Ils refusent de participer à la vie. D'autres encore, en particulier ceux qui vivent dans des pays qui proposent des programmes de réhabilitation, continuent à vivre leur vie. Ils vont à l'école, écrivent des livres, étudient le droit, et parfois même se marient et profitent de visites conjugales.

Mais tous les prisonniers, quelle que soit la façon dont ils décident de vivre leur vie carcérale, ont un point commun : ils sont privés de leur liberté totale, de manière assez semblable à ceux qui souffrent de maladies chroniques. Il n'existe là pas de véritable épanouissement, il n'y a que la possibilité de "mettre son temps à profit", de "gérer son temps", ou de "combattre le temps". Dans tous les cas, vous restez prisonnier.

Toutes les preuves concernant les résultats régénératifs permis par les cellules souches sur les lésions de la colonne, la cécité, la maladie de Charcot, la sclérose en plaques, les maladies cardiaques etc, n'ont pas le moindre sens si nous n'en arrivons pas aux traitements sur les humains. Dans le cas des lésions de la colonne, j'entends dire qu'il faut procéder petit à petit, qu'on ne peut pas se permettre de prendre de gros risques puisque nous avons notre qualité de vie dans nos chaises roulantes. Oui, nous pouvons avoir une certaine qualité de vie. Comme un prisonnier modèle. Mais nous continuons à moisir en détention provisoire.

Je ne dis pas que nous devons prendre des risques inconsidérés. Je dis simplement que nous devons faire en sorte que le gouvernement prenne en main la coordination de ces projets, et ne la laisse pas à Geron et à ses investisseurs (qui pourraient tout aussi bien partir en courant si les essais ne se révèlent pas concluants). Je ne parle pas d'un risque qui approche de près ou de loin celui qui se présentait lors du test de la première bombe atomique. Là, ils faisaient face à un vrai risque.

L'un des scientifiques évoqua la possibilité qu'une explosion atomique, par réaction en chaîne, mette le feu à l'atmosphère toute entière. Un autre scientifique calcula que cela n'arriverait pas. Après quelques recherches, ils concluèrent que "le fait que l'atmosphère s'enflamme n'était pas impossible, mais peu probable". Cela dit, la question ne fut déterminée que le jour où ils firent exploser la première bombe.

Nous devons refuser de devenir des prisonniers modèles, et d'attendre patiemment. Nous devons élever la voix, tous ensemble, pour gagner cette guerre.

Plutôt risqué, cette histoire de mettre le feu à l'atmosphère toute entière... Et pourtant ils ont choisi de continuer, pour gagner une guerre.